L’article étudie le problème de crises sociales dues à l’eau potable. Il analyse les tensions sociales résultant de besoins d’eau de Boisson dans les villages de Bongouanou. L’analyse est menée à partir d’un échantillon de 210 ménages tirés à partir d’une population mère de 1522 ménages, soit 13,80% de celle-ci. Les résultats de l’enquête montrent que dans les villages de Bongouanou, les difficultés d’accès à l’eau de boisson sont expliquées d’une part, par le temps : 63,81% des ménages obtiennent l’eau de boisson après plus de 15 min de marche ; d’autre part, par une quantité insuffisante : 53,05% des habitants ont moins de 20 litres/jour. L’incapacité de parvenir à l’eau de boisson en temps et en quantité suffisante, du fait, soit de la forte densité soit des pannes à répétition ou de l’irrégularité des services d’eau, soit par des cas de vols ou de non-respect de l’ordre d’arrivée, expose les populations aux tensions sociales. Celles-ci sont plus enregistrées autour des points collectifs d’eau (Pompes à Motricités Humaines, Bornes-fontaines, point de revente d’eau potable et des puits). Les agressions verbales représentent 3,33% de ces tensions ; 26,78% sont des agressions physiques tandis que 18,73% se soldent par la manifestation d’une famille contre une autre.
Mots-clés
This article studies the social crises due to the drinking water. It analyses the anxious feelings in the society causes by the drinking water in Bongouanou’s villages. The analyses is made by the testing sample of 210 households choosing at the population basic of 1522 households, it represents 13,80% of this basic population. The results of the test have permitted to know that the villages of Bongouanou have the difficulties to get the drinking water. These difficulties are due to the first part, at the times: 63,81% of households getting the drinking water for more than 15 minutes walking; the second part, its due to the lack of drinking water: 53,05% of the households have less than 20 liter/habitant/day. Lacking the ability to get the drinking water at time and sufficient depended in fact a quantity and irregularity of the services due to roffer or a no respect of the order arrival exposed the populations at the tensions. These tensions occured at the places where people get the drinking water. The proportions are: verbal attack 33,33%, physical aggression 26,78% and other 18,73% solve by fighting one family to another.
Introduction
Le développement local, thème porteur face à la crise des Etats africains (Kouadio, 2012, p. 9), est une stratégie visant à susciter l’adhésion de toute une collectivité locale quant à sa participation effective au changement ou à l’amélioration de ses conditions d’existences. Calqué en Afrique Subsaharienne sur le modèle français (Kouadio, 2012, p.9), le développement local se veut une réponse aux inégalités socio-spatiales. Son succès favorise la création des richesses à l’échelle locale et réduit par exemple le pourcentage d’individus n’ayant pas accès aux services de santé et à l’eau potable, composantes de l’indicateur de développement humain (IDH) (Adjeaud, 2013, p. 79). L’offre des services de base se pose avec acuité dans les collectivités décentralisées, notamment l’adduction d’eau potable. Cela se justifie par l’urbanisation non planifiée, la migration, les nouvelles normes d’utilisation des sols, la crise économique mondiale, le changement climatique et l’incapacité de certains Etats de développer leurs services (CICR, 2009, p. 2). L’accès difficile aux services de base freine l’évolution des entités locales, singulièrement les communautés rurales. Toutefois, ces espaces ruraux sont censés amorcer les projets de développement avant de les porter à l’échelle nationale (Zadi, 2004, cité par Kouakou, 2012, p.32). L’amélioration de l’accès à l’eau potable est généralement analysée comme un déterminant clé de la santé et de la survie des enfants ; elle est mise en avant dans l’explication de la baisse de la mortalité (Dos Santos et al., 2007, p.365). L’accès difficile à l’eau potable soulève la question des problèmes de santé dans la commune de Bongouanou (Diabia, 2018, p.61). Dans ladite commune, l’épineux besoin d’eau de consommation est à l’origine de plusieurs maux : les tensions sociales autour des points d’eau, la fatigue générale du fait de la distance entre points d’eau et habitat, le pompage de l’eau (Pompes à Motricité Humaine), le stress, l’ennui, les maladies diarrhéiques, etc., (Diabia, 2018, p.186, 194 et 278; Tuo et al., p. 56). Comment peut-on être un artisan de développement, si le temps des activités économiques est détourné à d’autres fins avec les éventuels risques associés ?
En effet, commune de la région du Moronou, les quartiers et villages de Bongouanou sont régulièrement exposés aux tensions sociales relatives à la collecte de l’eau de boisson (Diabia, 2018, p.186). A Bongouanou, 43,74% des ménages ont un niveau de service basique en termes d’accès à l’eau potable, dont 50% en milieu rural et 38,37% en zone urbaine (Diabia, 2018, p.200 ; Tuo et al., 2017, p. 48). En revanche, en zone rurale, 94,29% des ménages d’Ahorosso et 100% de ceux de Tanosso sont quotidiennement confrontés aux tensions liées à la quête de l’eau de boisson (Diabia, 2018, p. 186). Ce qui soulève le problème de tensions sociales dues à l’eau de boisson dans les villages de Bongouanou. Cet article analyse les tensions sociales liées aux besoins d’eau de Boisson dans les villages de Bongouanou. Il s’agit spécifiquement, de présenter les besoins d’eau de boisson, les différentes tensions liées à cette situation et les stratégies à adopter en vue de réduire les problèmes liés à la crise de l’eau de boisson à Bongouanou.
1. Méthodologie
1.1. Cadre géographique de l’étude
La commune de Bongouanou est située au Centre-Est de la Côte d’Ivoire, dans la région du Moronou (figure 1).
Bongouanou est comprise entre la latitude 6°39 et la longitude 4°12. La température communale varie entre 19°C et 33°C et la pluviométrie oscille entre 1 200 mm et 1 800 mm. Le taux d’hygrométrie (humidité) moyen avoisine 75% (MLCVE, 1997, p. 6). La commune est inscrite sur un relief de plateau surmonté de nombreuses collines et de vallonnements (MLCVE, 1997, p. 18). Elle a une végétation anciennement constituée de forêt dense. Cependant, celle-ci a subi une forte dégradation du fait de l’augmentation de la population et du système d’exploitation qu’elle a adopté (culture extensive sur brûlis). La zone fait en effet partie de l’une des plus importantes de la première boucle du cacao ivoirien (1960-1980) « Dian, 1985, p. 240 ». Cela justifie évidemment le préjudice subi par l’écosystème forestier, qui, pourtant est un véritable déterminant tant pour la précipitation que pour l’environnement tout entier. De par sa position, Bongouanou bénéficie d’un climat intertropical chaud et humide comportant quatre saisons : une grande saison sèche de Novembre à Mars, une grande saison des pluies d’Avril à Juillet, une petite saison sèche d’Août à Septembre et une petite saison des pluies de Septembre à Octobre.
La commune de Bongouanou est peuplée d’Agni-Moroffouè (population autochtone) et d’autres groupes ethniques tant ivoiriens qu’étrangers. La population communale a évolué de 12 714 habitants en 1970 à 29 148 habitants en 1988, soit plus du double en 13 ans (MLCVE, 1997, p. 8 et INS, 1988). En 1998, elle était de 31 827 habitants (INS, 1998) contre 49 033 habitants en 2014 (RGPH, 2014).
1.2. Méthodes de collecte des données
Deux méthodes ont été utilisées pour collecter les données. Il s’agit d’abord de la recherche documentaire. Elle a permis de bâtir l’introduction et d’engager la discussion des résultats obtenus. La recherche documentaire a été complétée par l’enquête de terrain. Nous avons opté pour une enquête par échantillonnage auprès des chefs de ménages. Les questionnaires sont adressés aux chefs de ménages selon les critères suivants : le type d’habitat, les caractéristiques des ménages, la situation professionnelle et le niveau d’instruction, le point d’eau principal et additionnel, le type de point d’eau (collectif ou privé, potable ou non), le mode de collecte de l’eau, les difficultés liées à la collecte de l’eau, la distance point d’eau-habitat, le temps d’accès, la quantité d’eau potable par habitant/jour, la disponibilité continue ou pas d’eau potable, les causes des tensions et les types de tension. Nous avons appliqué le tirage systématique à probabilité inégale. Elle permet d’obtenir une taille d’échantillon suffisante et représentative ; car l’échantillon aléatoire obtenu est à priori assuré par les lois statistiques de la probabilité (H.D. Mohamed, 2010). Aussi, permet-elle de gagner du temps car tous les espaces ne sont pas forcément enquêtés. La méthode vise l’efficacité en termes de coût. Elle a permis de tirer de façon aléatoire des zones d’étude et le nombre de ménage enquêté par zone (V. Godard, 2010). La méthode s’appuie sur une base légale de données constituées par une structure officielle de dénombrement : l’exemple de recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Dans notre cas, seulement le RGPH 1998 donne une répartition du nombre de ménage par village ; contrairement à celui de 2014 qui présente un résultat global de la commune de Bongouanou. En 1998, il y avait 1522 ménages répartis en 8 villages (INS, 1998). L’application de la méthode a permis de choisir 210 ménages dans les villages de la commune de Bongouanou (tableau 1).
L’enquête n’a concerné que les espaces tirés. Pour chaque village tiré, 35 chefs de ménages sont enquêtés. L’effectif de chefs de ménages enquêtés tient compte du nombre de tirage d’un village. Par exemple, Tanosso est tiré une fois (35 ménages enquêtés), alors que le village d’Ehuikro n’est pas tiré (donc aucun chef de ménage n’est enquêté). Cette inégalité de l’effectif de ménages enquêtés entre les villages est justifiée par la différence du poids démographique au niveau de ces zones de dénombrements. Quant au village de Broukro, il a été tiré deux fois (dans ce village, environ la moitié des ménages vit dans les campements, donc 35 enquêtés dans les campements).
1.3. Méthode de traitement des données
Pour le traitement et l’analyse des données recueillies, nous nous sommes appuyés sur les techniques statistiques. Toutes les données ont été saisies et traitées à l’aide des logiciels EPI data et Excel version 2013. EPI data a permis de saisir les données d’enquête. Puis ces résultats ont été exploités grâce à Excel version 2013. Le logiciel Excel a servi à élaborer les tableaux et graphiques grâce aux calculs des valeurs relatives, des fréquences cumulées croissantes et décroissantes, et aux indices de dispersions (les coefficients de variations ‘’CV’’). Ces derniers nous permettent de comprendre la dispersion de variables autour de la valeur moyenne. Le CV est obtenu par le rapport de l’écart-type (σ(x)) à la moyenne (Ẋ) multiplié par 100 ou le rapport de la racine carré de la variance V(x) à la moyenne (Ẋ) multiplié par 100 ; dont la formule est :
2. Résultats
2.1. Besoins d’eau de boisson dans les villages de Bongouanou
2.1.1. Les facteurs d’accès difficile à l’eau potable dans les villages de Bongouanou
Dans la commune de Bongouanou, l’accès difficile au service d’eau potable est justifié par le temps et la quantité d’eau par habitant jour. Ces variables permettent de mesurer le niveau de service d’eau d’un ménage dans un lieu donné. Elles évoluent du niveau très amélioré, c’est-à-dire, des ménages au sein desquels l’on bénéficie d’au moins 60 L d’eau potable/jour, au niveau difficile (là où l’on a moins de 5 L d’eau potable/jour) (Tableau 2).
En termes de quantité d’eau potable par jour, 40,95% des ménages ont au minimum 20 litres d’eau potable/habitant/jour. Pour cette quantité d’eau, ils sont considérés comme ayant un niveau de service basique. Seulement 3,33% arrivent à assurer tous les besoins en consommation et en hygiène liés en eau potable, c’est à dire ayant un service très amélioré ([60 L et plus [ ). Toutefois, il existe de grandes variations entre les villages, tel que le témoigne le coefficient de variation (CV=1,66). Le village d’Akakro est plus concerné par ce niveau de service avec 14,29% de sa population ayant un volume journalier de 60 L et plus (Tableau 2). Quant à ceux qui ont entre 40 et 60 litres, ils sont estimés à 14,76%.
En revanche, 59,05% des ménages enquêtés disposent de moins de 20 L/habitant/jour (Tableau 2). Dans cette catégorie, 34,29% bénéficient d’une quantité d’eau potable comprise entre 5 et 20 litres, soit un niveau limité de la couverture de besoins journaliers. En outre, 24,76% ont un volume d’eau de moins de 5 litres/jour. Ils appartiennent à la classe de service difficile. Dans ce cas, l’usager n’a recours qu’aux autres sources, notamment les puits traditionnels et les eaux de surface pour satisfaire ses besoins. En effet, si en services limités, il y a très peu de variation entre les villages (CV= 0,27), ce n’est pas le cas des services difficiles où s’observe de grandes variations entre eux (CV=1,07). Les villages les moins desservis évoluent des campements à Akakro. Dans les campements, 85,71% des enquêtés ont une quantité d’eau potable inférieure à 20 L/jour, dont 17,14% bénéficient d’un volume compris entre 5 et 20 L, et 68,57% moins de 5 L/jour. A Broukro, à Tanosso, à Bocassi, à Ahorosso et à Akakro, respectivement 65,71%, 62,86%, 57,14%, 42,86% et 40% ont un niveau de service limité ou difficile en eau potable. Dans ces conditions, le volume journalier d’eau potable ne peut pas assurer les besoins des ménages desdites localités.
En termes du temps d’accès, le tableau 2 révèle que 36,19% des ménages des villages de Bongouanou accèdent à l’eau potable en moins de 15 min (un service très amélioré, amélioré ou basique). Mais, il s’observe de très grandes variations au niveau des ménages qui ont l’eau potable à moins de 5 min, soit un point d’eau privé à la maison (CV=1,12); contrairement aux ménages au sein desquels l’eau est disponible entre 10 et 15 min (CV=0,62). Le village d’Akakro a une proportion importante : 71,43% de ses ménages disposent des services d’eau potable à moins de 15 min de marche, dont 14,29% en service très amélioré et 37,14% en service basique. Viennent les villages d’Ahorosso et de Bocassi avec des valeurs proches de la moyenne communale, soit respectivement 48,57% et 37,14% des ménages enquêtés. Inversement, 63,81% bénéficient des services d’eau potable soit entre 15 et 30 min, soit à plus de 30 min de marche. Ils appartiennent aux catégories limitées ou difficiles. Ainsi, à partir de ces niveaux de services, l’usager est exposé à des risques sanitaires liés à la collecte, au transport voire au stockage de l’eau du fait du temps d’accès. Les espaces les plus concernés sont: Tanosso avec 74,29%, dont 48,57% en situation limitée et 25,71% en mode difficile. Puis, Broukro avec 80%, dont 20% en service limité et 60% en situation difficile. Enfin, les campements avec 85,71% des ménages qui ont l’eau potable à plus de 30 min. L’accès limité et difficile à l’eau potable en termes de temps et de quantité par habitant/jour contraint les ménages des villages de Bongouanou à recourir à d’autres sources, notamment les puits traditionnels et les eaux superficielles, non testées salubres, afin de couvrir les besoins d’eau.
2.1.2. Recours aux sources non conventionnelles, une réponse au besoin d’accès à l’eau potable dans les villages de Bongouanou
Pour couvrir les besoins en eau de consommation, les ménages des villages de Bongouanou ont recours à d’autres sources, en dehors des points d’eau réputés potables (SODECI/HU, HVA/BF et HV ou PMH). Le point d’eau ici considéré, est la principale source d’approvisionnement ; même si certains ménages utilisent ces eaux comme additionnelles. Il s’agit des puits traditionnels et des eaux de surface (tableau 3).
Le tableau 3 indique que 24,28% des ménages des villages de Bongouanou ont pour principal point d’eau, une source traditionnelle: soit un puits traditionnel soit une eau de surface. Dans cette classe, 12,38% utilisent les puits et 11,90% des eaux superficielles (puisards, barrages, marigots et autres). Toutefois, de grandes disparités spatiales existent entre les villages quant à l’usage de ces eaux. Au niveau des puits, cette variabilité quoi qu’importante (CV=1,02), est encore moins par rapport aux eaux de surface (CV=2,22). Dans tous les villages enquêtés, excepté Bocassi où les enquêtés affirment l’utiliser dans les champs, des ménages usent ces eaux comme principales sources de boisson. Ainsi, au niveau des puits, 34,29% des ménages sont favorables à ces sources, soit pour des raisons économiques soit le caractère incertain de la venue d’eau via les services de la SODECI (HU). A Tanosso, 20% des ménages, pour la plupart insatisfaits des HV, du fait de la densité de population ou des pannes à répétition, ont fini à adopter ces sources. Les autres espaces enquêtés ont des proportions de ménages relativement faibles qui recourent aux puits: Ahorosso (8,57%), à Akakro (5,71%) et 5,71% dans les campements. Les eaux de surface sont plus utilisées dans les campements (figure 2).
En effet, 65,70% des campagnards ont pour principale source de boisson, les eaux superficielles. Ils confirment l’utiliser pour tous les besoins domestiques. Cela, à cause de leur positionnement géographique. Dans les campements, sur les 4 HV recensées, une est privée et les autres sont localisées sur l’axe principal (4 HV recensées en 2015, mais en 2019 on est arrivé à 3 HV, dont le point d’eau privé en panne). L’essentiel de ces campements sont à plus de 3 Km de cet axe; toute chose qui complique l’accès de ces ménages à l’eau potable. A Broubro par contre, 5,71% des enquêtés utilisent ces sources pour d’autres besoins domestiques au village, et la boisson dans les champs. Cependant, en raison des pannes récurrentes des HVA à Bocassi et à Akakro, des PMH à Broukro, Ahorosso et Tanosso, et les services discontinus de la SODECI à Broukro et Ahorosso, tous les ménages des villages de Bongouanou soutiennent recourir aux eaux traditionnelles comme sources alternatives. Selon le cas, les eaux traditionnelles sont utilisées pour la boisson ou les autres besoins domestiques. Les difficultés relatives à la collecte de l’eau, surtout la densité de la population autour des points d’eau publique (PMH, des bornes fontaines, des points de revente d’eau connectés au réseau SODECI) voire des puits, les pannes à répétition, et bien d’autres exposent les ménages aux tensions quotidiennes.
2.2. Tensions sociales liées à l’accès à l’eau de boisson dans les villages de Bongouanou
2.2.1 Diversités de tensions sociales à Bongouanou
Les résultats de l’enquête révèlent une diversité de tensions liées à la quête de l’eau de boisson dans les villages de Bongouanou (tableau 4).
Cinq types de tensions sociales sont enregistrés dans les villages enquêtés (Tableau 4). Il s’agit des agressions verbales qui finissent soit par des agressions physiques, soit par la destruction ou la confiscation de biens, ou de la manifestation d’un groupe d’individu contre un autre (entre deux familles ou entre deux villages). De ces catégories de tensions recensées, les agressions verbales constituent la part la plus expressive, avec 33,33% de cas. Elles sont sensiblement similaires dans tous les villages enquêtés. Suivent les agressions physiques avec 26,78% de tensions exprimées. Même si la destruction de biens et la confiscation de biens sont relativement moins évoquées, elles demeurent significatives dans les villages de Bongouanou avec respectivement 12,17% et 8,99% de tensions identifiées. Quant à la manifestation d’un groupe contre un autre, elle représente 18,73% des tensions recensées. Les gestionnaires des points d’eau publics sont les grandes victimes de ces types de tensions. Il s’agit des revendeurs d’eau potable connectée sur les réseaux modernes (HU ou l’hydraulique urbaine dont la gestion est concédée à la SODECI), l’équipe chargée de la gestion de l’hydraulique villageoise améliorée (HVA) et celle mandatée pour s’occuper des pompes à motricités humaines (PMH).
En effet, des six zones enquêtées, les ménages d’Ahorosso, de Tanosso, de Bocassi et de Broukro présentent plus de cas de tensions. Il s’agit des villages au sein desquels les ménages recourent plus aux points d’eau publics. Ahorosso et Tanosso ont le plus de cas, avec respectivement 120 et 118 agressions exprimés. Dans ces villages, tous les ménages affirment être quotidiennement exposés à des tensions liées à l’accès à l’eau de boisson. A Tanosso par exemple, seulement trois PMH desservent une population estimée à 1860 habitants en 2016 (sur la base des données de l’INS-98). Autour de ces points d’eau, les tensions sont très récurrentes, surtout aux heures de pointe (7-9 heures du matin et 16 - 19 heures de l’après-midi, soit avant ou après les champs). Dans les villages où les ménages s’approvisionnent à partir des bornes-fontaines (HVA), c’est-à-dire à Akakro et à Bocassi, les tensions existent, même si au niveau de la confiscation ou la destruction de biens, elles sont moins évoquées (Tableau 4 et Figure 2). A Broukro, les tensions sont enregistrées autour des points de revente d’eau potable, de la seule PMH réparée depuis 2017 et des puits traditionnels. A l’échelle des campements (espaces de grande production vivrière), les agressions sont moins identifiées à cause de la forte sollicitation des eaux superficielles. Cependant, les ménages qui utilisent les PMH soulignent des tensions, dont 34,48% sont des agressions verbales.
Plusieurs facteurs sont à l’origine des tensions sociales relatives aux besoins d’eau de consommation.
2.2.2. Pluralité de facteurs liés aux tensions sociales, révélatrice du besoin d’eau de boisson dans les villages de Bongouanou
Dans les communautés rurales de Bongouanou, le besoin d’eau de boisson est quotidiennement un facteur de tension. Les raisons liées à cette situation sont diverses (Tableau 5).
Le tableau 5 présente cinq causes principales de tensions relatives au besoin d’eau de boisson dans les villages de Bongouanou. Celles-ci peuvent être regroupées en trois. A savoir, des causes techniques (sous pression, coupure ou irrégularité de service, pannes récurrentes, fuites ou défaillances de tuyaux), les facteurs sociaux (pression démographique, non respect de l’ordre, voles de bidons et autres) et le causes physiques (tarissement de la nappe phréatique qui favorise l’assèchement de puits et la sous pression des PMH et HVA). En effet, des 568 facteurs exprimés, 59,15% sont d’ordre techniques, soit 27,46% liés à la sous pression, à la coupure voire l’irrégularité de service, 24,65% de pannes récurrentes, tandis que 7,04% proviennent des fuites ou défaillances de tuyaux. Au niveau des facteurs sociaux, 16,02% sont relatifs aux cas de vols et 21,13% à la densité de population et autres. En revanche, seulement 3,70% des raisons évoquées sont tributaires aux facteurs physiques.
Au niveau de chaque zone d’étude, il s’observe des singularités et des pluralités des facteurs explicatifs des tensions. Akakro et Bocassi, villages desservis par les HVA, se singularisent par une dominance des facteurs techniques. En effet, 74,74% des ménages d’Akakro l’évoquent comme raisons justificatives des tensions, dont 36,84% des coupures ou irrégularités de service et 31,58% de pannes récurrentes. Quant aux ménages de Bocassi, ils estiment que 65,38% des conflits proviennent d’une défaillance technique, dont 36,84% des coupures et 31,58% de pannes. Au niveau des campements, la singularité porte plutôt sur les facteurs sociaux. Ceux-ci représentent 57,14% des raisons avancées, dont 28,57% de cas de densité ou non-respect de l’ordre d’arrivée et 28,57% de cas de vols de bidons ou récipients. Toutefois, les cas de pannes justifient les conflits avec 35,71% des raisons avancées par les campagnards. A Ahorosso et à Broukro, villages s’approvisionnant à partir de HU (depuis la ville de Bongouanou), des PMH et puits traditionnels, existent une multiplicité de facteurs. En effet, à Ahorosso, 63,64% des raisons de conflits évoquées sont techniques, dont 35,35% de coupure, 15,15% de panne et 13,13% de défaillance de tuyaux. Les facteurs sociaux justifient 33,33% de cas de tensions, dont 15,15% liés à la densité de population autour des PMH et 18,18% de cas de voles divers (chaussures, bidons et autres récipients). A Broukro, notamment, 53,64% des raisons sont d’ordre technique, soit 19,09% de coupure, 15,45% de panne et 19,09% de défaillance de tuyaux. Dans ce village également, 33,64% des tensions sont sociales : 10,91% relatives au non-respect de l’ordre et 22,73% de voles divers. Dans ce village, l’assèchement de puits traditionnels est aussi à l’origine de tensions liés à la quête de l’eau de boisson ; 12,73% des ménages enquêtés l’évoquent comme facteurs.
Enfin à Tanosso, village desservis seulement par trois PMH, on a une pluralité de facteurs de tensions : autant les cas de vols provoquent les tensions à cause de la densité de population aux points d’eau, autant la forte pression sur les équipements encouragent régulièrement les pannes et affrontements (Tableau 5).
De ces tensions sociales liées au besoin d’eau et les facteurs évoqués, nous proposons des stratégies de réduction.
2.3. Stratégies à adopter en vue du bien-être social lié au besoin d’eau de boisson, facteurs de réduction des crises sociales dans les villages de Bongouanou
L’accès raisonnable en eau potable, en temps réel et en quantité suffisante, favorise une bonne hygiène de vie, augmente la productivité, améliore la santé et réduit considérablement les tensions sociales dans les collectivités locales. Pour arriver à toutes ces valeurs dans les villages de Bongouanou, la population doit, avec les autorités locales et étatiques, conjuguer leurs efforts. Les stratégies sont structurées autour des trois systèmes d’alimentation en eau potable (les PMH ou HV, les HVA et les HU). En effet, au niveau des villages PMH, notamment Tanosso et les campements, il faut tenir compte de plusieurs facteurs selon l’espace. A Tanosso, village desservi seulement qu’avec 3 PMH, pendant la saison sèche les populations se retrouvent souvent avec 1 ou 2 points d’eau. Dans ce village, la taille de la population exige de passer d’une PMH à une HVA voire une HU. Elle est, en effet, estimée à 3 116 habitants en 2014 (RGPH-2014). Cette innovation doit tenir compte des différents quartiers en rapport avec l’effectif de la population constituée, afin de respecter les variables relatives à l’accès à l’eau potable : à savoir la distance entre bornes-fontaines et habitat, le temps d’accès, la quantité d’eau potable/habitant/jour, la régularité dans l’approvisionnement et le maintien de la potabilité de l’eau. Le succès de cette politique à Tanosso est capable d’éviter 29,66% de tensions verbales, 25,42% d’agressions physiques et 15,25% de troubles liés à la manifestation d’un groupe contre un autre. Les causes de ces différends sont justifiées à 26,51% par la densité au point d’eau ou panne et à 22,73% soit par des vols de chaussures voire récipients. En ce qui concerne les campements, les PMH doivent être maintenues et le nombre doit être revu à la hausse. Néanmoins, cette politique doit faire suite à un regroupement des différents campements trop dispersés dans l’espace, notamment à proximité des plantations. Le succès de cette politique permettra à 85,71% des ménages de s’approvisionner à l’eau potable à moins de 15 min de marche et de bénéficier d’une quantité supérieure à 20 litres/habitant/jour. Toute chose qui est susceptible d’éloigner 34,48% des campagnards aux tensions verbales, 24,14% d’agressions physiques et 28,57% de vols de chaussures ou récipients.
Quant aux villages HVA, c’est-à-dire à Akakro et à Bocassi, il faut augmenter la capacité de production. A Akakro, village qui bénéficie d’un tissu topographique relativement plat, il faut améliorer le service en augmentant la capacité du HVA et en définissant deux bornes-fontaines supplémentaires afin de rapprocher l’eau des ménages. Ces points d’eau additionnels doivent être définis dans les zones d’extension. A côté de ces efforts, il faut favoriser l’abonnement privé dans les ménages avec un tarif social très souple. Cela, en vue d’aider les 28,57% des ménages qui disposent de l’eau potable à plus de 15 min de marche et 42,85% qui ont moins de 20 litres/habitant/jour à un accès raisonnable. Ces initiatives peuvent, par exemple, permettre d’éviter 37,97% des tensions verbales. Bocassi, un village perché sur la colline, est quotidiennement confronté à une sous pression ponctuelle. Ce qui contraint d’ailleurs 62,86% des ménages à avoir l’eau potable à plus de 15 min et 57,14% de bénéficier de moins de 20 litres/habitant/jour. Cette situation est à l’origine de 33,67% de tensions verbales et 27,55% d’agressions physiques. Les solutions envisagées à Akakro sont recommandées à Bocassi, afin d’éviter la forte pression de la population sur les bornes-fontaines aux heures de pointes (avant et après les champs). Ainsi, vue la taille de la population dudit village, estimée à 2 518 habitants en 2014 (RGPH-2014), l’amélioration de la capacité de pompage doit être accompagnée par celle de la distribution. Ces efforts doivent prendre en compte de la topographie et les périphéries, afin d’assurer un accès raisonnable à toute la population.
Les villages bénéficiaires des services d’eau potable à partir de la ville (Broukro et Ahorosso), connectés sur l’hydraulique urbaine (HU), vivent les mêmes calvaires que les citadins, même si quelques PMH complètent les services d’eau potable par endroit. Toutefois, ces PMH identifiées ne fonctionnent que quelques mois dans l’année. A Broukro, village situé à moins de 500 mètres de la ville de Bongouanou, 80% des ménages disposent de l’eau potable à plus de 15 minutes de marche et 65,71% ont moins de 20 litres/habitant/jour. A cet effet, autour des points de revente d’eau potable et le PMH voire des puits traditionnels, 38,89% d’agressions verbales et 26,67% de tensions physiques sont régulièrement enregistrées pour cause de non-respect de l’ordre d’arrivée et vols divers (chaussures, récipients, etc.). Pourtant, les responsables du service technique de la Mairie de Bongouanou affirment que ce village représente 60% de la zone d’extension de la ville. Ainsi, avec sa population estimée à 6 908 habitants en 2014 (RGPH-2014), l’idéal est de doter ce village d’un château d’eau (une HU) d’une bonne capacité. Cela, en vue de prendre en compte de façon raisonnable la demande de la population et les enjeux liés à sa croissance future. Quant à Ahorosso, village distant de 3 Km de la ville, 51,43% de ménages accèdent à l’eau potable à plus de 15 minutes et 43,86% bénéficient moins de 20 litres/habitant/jour. La forte demande en eau de boisson enregistre 29,17% de tensions verbales et 25% d’agressions physiques autour des PMH et autres points publiques de revente. Toutefois, le service très discontinu de la SODECI à partir de la ville et la récurrente panne des PMH obligent les ménages dudit village à recourir aux puits traditionnels depuis la ville de Bongouanou, notamment dans les zones basses des quartiers Habitat et Dioulakro (figure 2). Les populations d’Ahorosso soulignent qu’il est impossible d’avoir de l’eau à partir des puits traditionnels dans ledit village. En effet, vue sa population estimée à 1 914 habitants en 2014 (RGPH, 2014), Ahorosso doit disposer d’une HVA d’une bonne capacité. Ces technologies à Broukro et Ahorosso vont favoriser une disponibilité pérenne de l’eau potable, augmenter les services en eau des ménages de la ville et réduire considérablement les tensions relatives à l’accès de ce bien précieux.
3. Discussion
L’article met en exergue les tensions sociales dues aux forts besoins des eaux de boisson conventionnelles. Il propose également des stratégies susceptibles de réduire ces crises afin d’offrir un bien-être social à la population. A Bongouanou, dans la communauté rurale, l’accès difficile à l’eau potable est justifié par la quantité insuffisante et le temps. En effet, 59,05% des 210 ménages enquêtés ont moins de 20 litres/habitant/jour et 63,81% accèdent à l’eau potable à plus de 15 minutes de marches ; soit supérieur à la norme de l’OMS qui stipule qu’en milieu rural, un ménage n’est desservis en eau potable que, lorsque le point d’eau principal est situé à moins de 15 min de marche avec une quantité régulière et supérieur ou égale à 20 litres/habitants/jour et à une distance inférieure à 1 Km (OMS, 2007). Alors que, de par leur position, certains villages tendent de s’urbaniser (Broukro et Ahorosso), c’est-à-dire que progressivement des ménages ont des équipements qui exigent de plus en plus d’eau (WC, douches modernes, lavabo, etc.). Si pour peu d’équipement dans les ménages, avoir 20 litres d’eau potable/habitant/jour est une équation difficile, que feraient ces populations qui sollicitent ces villages pour y résider ? Surtout que la probabilité de survie des enfants de moins de 5 ans n’est pas statistiquement significative entre ceux qui ont accès à l’eau courante que ceux qui s’approvisionnent aux points collectifs d’eau potable (Dos Santos et al., 2007, p. 367). Dans la commune de Bongouanou, les points d’eau potables collectifs offrent des services plus chers comparativement aux branchements privés (Diabia, 2018, p.192). Cependant, c’est autour de ces services que sont enregistrées les crises sociales. Ce constat est fait à Gobelet, un quartier précaire de la commune de Cocody dans le district d’Abidjan Koukougnon (2015, p.67).
A Gobelet, les coûts de la consommation d’eau potable via les revendeurs sont jugés élevés par 56,9% des habitants. En effet, cette situation fait l’objet de réprobations des ménages contre les opérateurs clandestins en charge de l’approvisionnement. Dans ce quartier de Cocody, les tensions sont plus provoquées par les populations ayant un faible niveau de revenu, soit environ 10% des ménages qui ont en dessous de 50 000 FCFA/mois Koukougnon (2015, p. 68). Or, l’accès à l’eau courante (branchement privé) réduit le coût monétaire de l’eau, notamment par rapport à l’approvisionnement par intermédiaire de vendeurs ambulants, et augmente de manière significative les quantités utilisées au sein du ménage, par rapport aux autres types d’approvisionnement, la question de la qualité de l’eau reste plus nuancée (Dos Santos et al., 2007, p.370 ). En revanche, si à Gobelet le niveau de revenu des ménages et le coût de l’eau sont responsables des différends, dans certains villages de Bongouanou, Tanosso et les campements par exemple, c’est plutôt l’incompatibilité de la technologie de service d’eau et la taille de la population qui occasionnent les tensions. Tandis que dans les autres villages, à côté du niveau de revenu de certains ménages, la ponctuelle irrégularité dans l’approvisionnement augmentent le temps d’accès et réduisent la quantité d’eau potable/habitant/jour. Toutes choses qui suscitent la pression sur les points d’eaux publiques, facteurs déclencheurs des tensions sociales quand on sait que le déficit d’eau dans l’organisme d’un être est capable de provoquer une déshydratation, et que le processus d’approvisionnement d’eau via les points collectifs (la collecte, le transport, le stockage et le puisage plus tard) l’expose aux facteurs de pollution et à des risques sanitaires. Par ailleurs, les enfants dont la source principale d’eau de boisson est le point collectif d’eau potable courent deux fois plus de risque de décéder entre 1 et 5 ans exacts par rapport aux enfants qui disposent de l’eau courante à la maison (Dos Santos et al., 2007, p.368 ). Ces mêmes enfants courent un risque trois fois supérieur quand ils accèdent à l’eau non potable par rapport à ceux qui disposent de l’eau courante à la maison (Dos Santos et al., 2007, p.368 ). Cette situation présente, en effet, le caractère sensible de ce bien fondamental, l’eau de boisson. C’est pourquoi, d’une zone de résidence à l’autre, des études fines doivent être encouragées en vue de donner une suite aux problèmes d’eau.
La problématique du besoin d’eau de boisson dans les collectivités ivoiriennes présente un paradoxe ; dans la mesure où le pays est situé en aval du château d’eau que constituent les pays du nord, où les grands fleuves prennent leurs sources (Tapé, 2018, p. 61). Ceux-ci traversent le pays du nord au sud, offrant une géographie relativement équilibrée du réseau hydrographique. Face à certaines situations, notamment les catastrophes naturelles, les guerres, l’urbanisation incontrôlée voire les migrations, les besoins d’eau de boisson peuvent entraîner la montée des tensions au sein des communautés et contraindre les populations à migrer de nouveau (CICR, 2009, p. 2). Toute chose qui freine l’avancée des projets et ambitions de développement, tels que les ODD et programmes sectoriels de développement des pays les moins avancés. Le rapport entre l’eau, la sécurité sociale et la santé exige que cette problématique soit traitée avec beaucoup de rigueur (Tuo et al., 2017, p. 60). Les projets dans le secteur de l’eau, sont plus efficaces que, s’ils sont menés de façon concertée et pluridisciplinaire ; c’est-à-dire que, quand plusieurs acteurs sont impliqués (populations locales, élus locaux, gouvernements, spécialistes de l’eau, ONG et autres financeurs, etc.) et d’autres services complémentaires sont associés (assainissement, hygiène, santé, environnement, justice, etc.). Surtout que pour le CICR (2009, p. 6), les activités liées à l’eau et à l’assainissement sont intégrées dans une approche appelée « santé publique ». La méthodologie adoptée, basée sur un échantillon de 210 ménages, ne peut pas sortir toutes les informations pour l’analyse d’un sujet aussi complexe et sensible que celui-ci. C’est pourquoi, nous recommandons un élargissement d’échelle d’étude et un recours aux méthodes de collecte de données plus exhaustives (soit un recensement).
Conclusion
Les besoins d’eau de boisson sont sources de tensions sociales dans les villages de Bongouanou. Les difficultés quant à la disponibilité d’eau salubre dans les ménages sont justifiées par de long temps d’accès pour une quantité insuffisante par habitant/jour. Toute chose qui oblige les ruraux de Bongouanou à recourir aux sources d’eau non conventionnelles, dont 24,28% l’utilisent comme point d’eau principal. En revanche, du fait de la forte pression sur les systèmes de services d’eau, surtout collectifs, des pannes à répétition, l’irrégularité de la venue d’eau voire le tarissement des puits traditionnels, sont enregistrées au quotidien une diversité de tensions dans les villages. Celles-ci évoluent des agressions verbales, des affrontements physiques, des confiscations voire des destructions de biens jusqu’à la manifestation d’un groupe contre un autre. Pour améliorer la disponibilité et le rapprochement de l’eau potable dans les ménages, les acteurs (population, élus locaux, les ONG et l’Etat) doivent de façon concertée, adapter la technologie de mobilisation de l’eau à la taille de la population. Sinon, d’une tension sociale, on peut arriver à des conflits ouverts.
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Auteur
1Assistant, Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa, Côte d’Ivoire, diathomath@gmail.com