Le secteur de Potou est un segment de la région des Niayes situé sur la grande-côte sénégalaise. Ce milieu, dont l’activité économique est essentiellement tributaire du maraichage, est sous l’emprise de la dynamique d’ensablement des cuvettes. Les éléments explicatifs de cette morpho-dynamique sédimentaire sont inhérents aux facteurs naturels ayant fragilisé ce milieu (topographie à dépressions inter-dunaires, l’ouverture aux vents forts du N, la péjoration climatique avec la faible couverture végétale, la texture fine des sols…) et la pression anthropique sur le milieu.
L’objectif de cette contribution est de quantifier les débits solides en mouvement, en fonction des directions préférentielles du vent afin d’appréhender le transit sédimentaire dunes-Niayes dans le secteur de Potou.
La méthodologie adoptée est essentiellement quantitative et s’appuie sur l’usage des trappes à sables. Les résultats de la quantification montrent que les vents de secteur mobilisent l’essentiel des sédiments aussi bien sur les dunes que dans les Niayes et durant toutes les saisons.
The Potou sector is a segment of the Niayes region of the Senegalese coast. This environment, on which economic activity is essentially dependent on market gardening, is today under the strong influence of the dynamics of silting up. The explanatory elements of this sedimentary morphodynamics are directly related to the natural factors that have weakened this environment (topography with inter-dune depressions, openness to strong winds, climatic deterioration with the weak vegetation cover, the fine texture of the soils ...) and anthropogenic pressure on the environment.
The objective of this study is to quantify the solid flows in motion, according to the preferential directions of the prevailing wind in order to better understand the sedimentary transit dunes-Niayes in the Potou sector.
The methodology adopted is essentially quantitative and is based on the use of sand traps. The results of the quantification show that the winds from the NW sector mobilized much more sediment both on the dunes and in the Niayes, considering the year.
Introduction
Les Niayes ont une originalité qui tient du fait qu’elles sont discontinues et que ces discontinuités ont une origine endogène et exogène (DIA S., 2011, p. 22). Elles constituent le produit de la rencontre entre dynamique éolienne et réserves sableuses, d’une part, et d’autre part, des variations climatiques et eustatiques brutales. Sur un profil transversal se succèdent, d'ouest en est, les dunes blanches et les dunes jaunes. Les dépressions (Niayes et Ndioukis) assurent la transition entre les dunes littorales et les dunes ogoliennes continentales (A. A. SY., 2013, p. 117). Le taux d’exploitation agricole des Niayes (65 %) est le plus important au niveau national, après celui du bassin arachidier. Leur production maraîchère est estimée à 80 % de la production nationale (M. NDAO, 2012, p. 10).
Ce paysage dunaire, marqué par une végétation jadis très abondante, est dans une transformation morphodynamique. Depuis les années 1970, l’ensablement est devenu l’une des manifestations morphologiques les plus marquées de la désertification. En effet, le changement d’état des Niayes, particulièrement dans le secteur de Potou, s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs d’ordre naturel et anthropique favorables à l’ensablement. Il en résulte une action éolienne intensive, exacerbée par les effets de la dynamique littorale de la Grande Côte, de la dérive littorale nord-sud et de la brèche ouverte sur la Langue de Barbarie. On assiste alors à la migration d’importantes quantités de sédiments en direction du Sud vers la plage de Niayam. Malgré l’implantation de la bande de Casuarina equisetifolia, dans le cadre de la lutte contre l’ensevelissement des espaces de cultures, cette dynamique reste encore très prononcée dans ce milieu.
La gravité de l’ensablement dans ces écosystèmes, déjà fragilisés par les conditions climatiques et édaphiques, est un facteur déterminant qui porte préjudice à la fois à l’environnement et au développement économique du milieu. Les cuvettes maraichères sont ensablées par les sables provenant essentiellement de la plage et des dunes littorales sous l’effet de la dynamique éolienne. Ce phénomène est lourd de conséquences avec la réduction des parcelles agricoles, la stérilisation de vastes superficies par déflation éolienne ou accumulation de masses sableuses n’ayant pas de valeur agronomique. Cette situation est préoccupante dans un contexte de pression sur les terres cultivables d’une population de plus en plus croissante (B. SECK M, 2020, p. 4).
Le secteur de Potou se trouve dans la partie septentrionale du littoral sénégalais. Potou se localise entre 15° 41’ 20’’ et 15° 42’ 17’’ de latitude Nord et entre 16° 34’ 50’’ et 16° 29’ 53’’ de longitudes Ouest avec une altitude moyenne de 33 m. Dans la partie septentrionale de ce secteur, se trouve la partie terminale de la Langue de Barbarie qui s’étire de Tassinère à l’extrême Sud de l’ancienne embouchure du fleuve Sénégal. La plage de Niayam et l’ancienne embouchure sont ainsi des sites juxtaposés, ce qui fait que la dynamique sédimentaire de la lagune de Mboumbaye est un facteur explicatif de l’approvisionnement de la plage de Niayam en sédiments.
Pour aboutir aux résultats, une méthodologie expérimentale a été appliquée afin de répondre aux hypothèses principales : les quantités de sable piégées montrent une prédominance des vents de secteur NW où les vents compétents mobilisent des grains par saltation et reptation selon le calibre des sédiments.