Coopératives et autonomisation de la femme : cas de la coopérative Eboyokoun au grand marché de Daloa

Résumé

Les coopératives sont des instruments qui ont été impulsés par l’état dans le but de lutter contre la crise économique nationale et faciliter la prise en charge des personnes économiquement vulnérables en Côte d’Ivoire. C’est dans ce contexte que s’inscrit la création de plusieurs coopératives notamment EBOYOKOUN, composé uniquement de femmes. Celle-ci a pour activité centrale la transformation du manioc et la vente des produits dérivés, principalement l’attiéké. L’objectif de notre recherche est de montrer l’implication de cette activité dans l’autonomisation de ces sociétaires. Cette étude qui se veut qualitative est basée sur la recherche documentaire, l’observation directe et le guide d’entretien. Le cadre d’analyse choisi est le fonctionnalisme et la résilience. Ainsi, les résultats de cette étude nous montrent que la coopérative EBOYOKOUN est créatrice d’emplois, de profits favorisant l’indépendance financière et l’épanouissement social des sociétaires à travers la vente des produits dérivés de la transformation du manioc (gari, attiéké, etc.)

Abstract

Cooperatives are instruments that were promoted by the state with the aim of combating the national economic crisis and facilitating the care of economically vulnerable people in Côte d'Ivoire. It is in this context that the creation of several cooperatives, notably EBOYOKOUN, is made up entirely of women. Its central activity is the processing of cassava and the sale of derived products, mainly attiéké. The objective of our research is to show the implication of this activity in the empowerment of these members. This study, which is intended to be qualitative, is based on documentary research, direct observation and the interview guide. The chosen analytical framework is functionalism and resilience. Thus, the results of this study show us that the EBOYOKOUN cooperative creates jobs and profits promoting the financial independence and social development of members through the sale of products derived from cassava processing (gari, attiéké, etc.)

Introduction

Au lendemain des indépendances, les pays africains ont décidé de se reconstruire et de se développer à travers des politiques bien définies (libérale, socio libérale, parlementaire, etc.). Pour soutenir et financer son développement, la Côte d’Ivoire a basé son économie sur l’agriculture, précisément sur la promotion de la culture de rente. Ainsi, le gouvernement d’alors a incité les producteurs à se regrouper en coopératives et à procéder à leur financement pour une forte production. Cette politique a eu pour résultat le « miracle ivoirien » (M.F JARRET ; F.R MATHIEU, 1991 ; p 42 ; D COGNEAU ; S MESPLÉ-SOMPS, 2002, p11 ; H EHRHART, 2017, p 3). Ce fut une période de grands investissements, de la quasi-gratuité à l’accès aux établissements publics ainsi que la création de sociétés d’État (S. AMIN, 1968, p 386).

Le succès opéré grâce aux cultures d’exportation (café, cacao, palmier à huile…) a eu pour conséquence un délaissement progressif du secteur vivrier (P. ZOUNGRANA, 1993, p46). Les cultures d’exportation étaient devenues l’épicentre de l’économie ivoirienne. Mais, au début des années 1980, l’économie ivoirienne a subi une crise mondiale avec son corollaire de chômage, cherté de la vie, privatisation des entreprises étatiques, etc. Celle-ci a favorisé l’exode rural des populations à la recherche de conditions de vie meilleure. Ce mouvement humain a engendré de nombreuses conséquences (problèmes de transport, logement) notamment celui de la sécurité alimentaire en milieu urbain (J.M, COUR 2007, p 9). Il fallait trouver des solutions face à cette situation particulière.

La Côte d’Ivoire a entrepris la libéralisation progressive de son économie et la mise en place d’une nouvelle loi coopérative (A.M. DOUKA, 2011, p35). Ces décisions conjuguées à la politique générale des pouvoirs publics avaient pour objectif de promouvoir également le genre. Aussi dans un souci de modernisation de la distribution et de la professionnalisation des opérateurs de certaines filières agricoles dont souffre énormément la production, le gouvernement ivoirien a décidé de mettre en place un réseau de Marchés de Gros dans différentes régions du pays notamment au centre ouest dans la ville de Daloa (C. BILLON, 2018, p16). Il apparaît comme le lieu de stockage et de redistribution des produits alimentaires, vivriers, domaine de prédilection des femmes. C’est ainsi que certaines femmes ont fait de l’approvisionnement du Grand Marché de Daloa (GMD) en manioc, une activité principale à travers la coopérative EBOYOKOUN.  En effet, ce tubercule se présente comme la deuxième production vivrière avec environ 4,5 millions de tonnes en Côte d’ivoire (FAOSTAT, 2017, p 9).  Elle est utilisée dans une grande variété de plats et une multitude de produits alimentaires en est issue, constituant l’une des nourritures de base des populations ivoiriennes (N.G. AMANI et A. KAMENAN, 2003, p 12). Cette activité vivrière est essentiellement occupée par les femmes avec un pourcentage de 80% et une présence masculine peu visible de 20 % (S. ADOU, 2017, p 7).

La question des femmes dans la coopérative a été abordée par diverses disciplines scientifiques (sociologie, économie, géographie etc.) ; offrant ainsi une diversité d’informations sur le secteur. Aussi, la majeure partie de la littérature consultée a traité de la question du vivrier en dehors des coopératives et les coopératives des femmes dans le vivrier n’a pas fait suffisamment objet d’études, surtout celles de Côte d’Ivoire. Les études se sont intéressées au vivrier et /ou aux coopératives dans les zones autres que celles de la région de Daloa, qui est une zone de forte production de cultures vivrières. D’où l’intérêt de la présente étude qui est une modeste contribution à la compréhension de l’univers des femmes, réunies en coopérative pour subvenir à leurs besoins.

La question principale de cette recherche est la suivante : Quel est l’impact de la coopérative EBOYOKOUN sur l’autonomisation des sociétaires femmes ? L’objectif principal de notre recherche est de comprendre l’influence de la coopérative EBOYOKOUN dans l’indépendance socio-économique de ces sociétaires femmes. L’impact de la commercialisation du manioc et dérivés dans le processus d’autonomisation des femmes de la coopérative EBOYOKOUN semble être une réalité.  Ainsi pour mieux cerner notre objet d’étude, une méthodologie s’avère nécessaire.

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Date de parution
30 juin 2024