Le bassin versant est unanimement accepté comme étant l’espace naturel le mieux adapter pour appréhender efficacement les problèmes de gestion durable de l’eau et tenter d’y apporter des solutions. Les activités anthropiques favorisent la déforestation et la dégradation des forêts dans le Bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire qui détériore la qualité de l’eau, sa quantité et/ou le fonctionnement du bassin hydrographique. Or pour que le fonctionnement des écosystèmes soit garanti et que l’ensemble des usagers/ères soit satisfait, il faut maintenir une ressource en eau suffisante en quantité et en qualité en préservant les ressources forestières. C’est pourquoi les 9 États du bassin s’accordent pour une gestion concertée et intégrée dont la partie ivoirienne fait l’objet de cette recherche. L’objectif est donc d’évaluer l’état de la déforestation et de dégradation des forêts dans le bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire dans un contexte d’intenses activités d’orpaillage clandestin en période de crise et poste crise de 2001 à 2021.
Pour y arriver, la triangulation des méthodes à travers la revue de littérature, la télédétection satellitaire, des enquêtes et des levés de terrain pour localiser, quantifier, qualifier et analyser la dynamique de la déforestation et la dégradation de la forêt dans le bassin versant a été effectuée. Les résultats montrent une régression du couvert forestier, de l’agriculture et de l’habitat ; et une augmentation des sols dégradés en période de crise entre 2001 et 2014. En période post-crise de 2014 à 2021, on observe une légère augmentation du couvert forestier, une croissance de l’agriculture/jachère et une légère augmentation de l’habitat, et une baisse des sols dégradés. L’absence de l’État en période de crise (2002-2011) a induit la déforestation et la dégradation des forêts entre 2001 et 2014. Le retour de l’État à partir de 2014 jusqu’en 2021 et des initiatives de reboisement ont favorisé un regain du couvert forestier et une réduction de l’orpaillage clandestin. La présence de l’État et des initiatives des ONGs peuvent freiner les effets néfastes de l’exploitation abusive des ressources naturelles. La télédétection reste incontournable pour la gestion des ressources naturelles.
The catchment area is unanimously accepted as being the most suitable natural space for effectively understanding the problems of sustainable water management and trying to find solutions. Anthropogenic activities promote deforestation and forest degradation in the Niger watershed in Côte d'Ivoire which deteriorates water quality, quantity and/or the functioning of the watershed. However, for the functioning of ecosystems to be guaranteed and for all users to be satisfied, it is necessary to maintain a sufficient quantity and quality of water resources by preserving forest resources. This is why the 9 States of the basin agree on concerted and integrated management, the Ivorian part of which is the subject of this research. The objective is therefore to assess the state of deforestation and forest degradation in the Niger watershed in Côte d'Ivoire in a context of intense illegal gold panning activities during the crisis and post-crisis of 2001 to 2021. To achieve this, the triangulation of methods through literature review, satellite remote sensing, surveys and field surveys to locate, quantify, qualify and analyze the dynamics of deforestation and forest degradation in the watershed has been carried out.
The results show a regression of forest cover, agriculture and habitat; and an increase in degraded soils in the crisis period between 2001 and 2014. In the post-crisis period from 2014 to 2021, there is a slight increase in forest cover, growth in agriculture/fallow and a slight increase in habitat, and a decline in degraded soils. The absence of the state during the crisis (2002-2011) led to deforestation and forest degradation between 2001 and 2014. The return of the state from 2014 until 2021 and reforestation initiatives have favored a revival of forest cover and a reduction in clandestine gold panning. The presence of the State and the initiatives of NGOs can curb the harmful effects of the abusive exploitation of natural resources. Remote sensing remains essential for the management of natural resources.
Introduction
L’étude sur le fonctionnement des bassins versants, A. GODARD (1995, p. 5) montre que les activités humaines modifient le fonctionnement naturel et dégradent la qualité des ressources en eau qu’ils contiennent. La pollution des eaux surtout celle à l’intérieur des bassins versants, est due aux activités humaines. Ainsi, la déforestation et la dégradation des forêts et des sols dans le Bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire a une incidence sur la qualité des ressources en eau par l’ensablement lié au phénomène d’érosion (PIDACC-BAD, 2020, p. 1). Cette situation pose des problèmes liés à la gestion intégrée des bassins versants. L’eau étant “res communis omnium”, c’est-à-dire commune à tous, ses règles d’usages au niveau de la gouvernance ou des communautés doivent être connues, acceptées et appliquées par tous au niveau régional et/ou national E. OSTROM (2005) cité par N. S. ANDON (2007, p. 8). Dans un bassin versant donné, le mode d’utilisation du sol et ses modifications, la déforestation, le dépérissement de la végétation, la diminution des débits des cours d’eau, les variations climatiques et les programmes de développement sont tous interdépendants et ont tous un impact sur la ressource hydrique. C’est pourquoi, l’utilisation et la gestion des cours d’eau d’un bassin versant crée une sorte d’interdépendance des pays ouest africains qui partagent le même bassin. Pour pallier à ces problèmes, des organismes de bassins sont donc créés en vue d’une gestion intégrée de ces principaux bassins versants. C’est le cas de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) qui compte 09 pays dont 07 en Afrique de l’Ouest et 02 en Afrique centrale (N. S. ANDON, 2007, p. 4). Ils se réunissent avec la Coordination des usagers/ères des ressources naturelles du bassin, des partenaires techniques et financiers, et des cadres du Secrétariat Exécutif de l’ABN désigné par le conseil pour contribuer à l’amélioration de la résilience des écosystèmes du fleuve Niger et des populations par une gestion durable des ressources naturelles (Conseil des Ministres ABN, 2022 p. 1). Ils examinent et prennent des résolutions pour permettre à l’ABN de disposer d’outils nécessaires pour lutter contre l’érosion hydrique et l’ensablement qui constituent une menace grave pour les écosystèmes du fleuve Niger (IDEM ; PIDACC-BAD, 2020, p. 2). En effet, l’écoulement des eaux vers l’aval et le maintien de l’équilibre biologique et des écosystèmes naturels d’une part, et d’autre part les habitats et l’ensemble des activités socio-économiques du bassin constituent principaux objectifs (IBID). C’est dans ce contexte que cette recherche entreprend d’étudier de la dynamique de la déforestation et de la dégradation des forêts et des sols de la portion du bassin du Niger en Côte d’Ivoire.
Dans le bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire, on observe différentes activités humaines notamment, les habitations des villages et des villes, les infrastructures, les industries, les cultures agricoles, les activités d’élevage et de pèche, les activités de loisir, les stations de traitement des eaux et des barrages (C.I.EAU, 2022, p. 1). Ces activités anthropiques favorisent la déforestation et la dégradation des forêts et des sols dans le bassin versant qui altèrent la qualité de l’eau, diminuent sa quantité ou modifient le fonctionnement du bassin hydrographique (IDEM ; H. F. COCKER, 2020, p. 2). Pour que le fonctionnement des écosystèmes soit garanti et que l’ensemble des usagers/ères soit satisfait, il faut maintenir une ressource en eau suffisante, en quantité et en qualité. C’est pourquoi, des usagers/ères du bassin du Niger en Côte d’Ivoire, s’accordent pour une gestion concertée et intégrée. Elle transcende les frontières des États faisant en sorte que plusieurs États sont obligés de partager un même bassin M. NIENTAO (2017, p. 147). La déforestation et la dégradation des forêts et des terres du Bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire influence la dynamique des ressources en eau par l’ensablement lié au phénomène d’érosion des sols dégradés. Quelle est donc l’ampleur de la déforestation et la dégradation des forêts et des sols dans ce bassin ? Comment la télédétection peut-elle contribuer à une meilleure description, explication et gestion de l’espace de ce bassin ? La présente étude vise à évaluer l’état de la déforestation et de la dégradation des forêts et des sols dans le bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire par un apport de télédétection satellitaire. L’objectif de cet article est d’identifier, de cartographier, de décrire et d’expliquer au moyen de la télédétection spatiale, les zones ayant subi une action de déforestation et de dégradation des forêts et des sols dans le bassin versant du Niger en Côte d’Ivoire (BVNCI) dans un contexte de dynamique spatio-temporelle.