La présente contribution s’intéresse à la vulnérabilité socio-économique et environnementale des ménages dans la ville d’Adiaké. L’objectif poursuivi est de rechercher les déterminants de la vulnérabilité socioéconomique et environnementale des populations à l’échelle de la ville. Pour mener à bien cette analyse, la méthodologie de collecte des données s’est basée sur l’administration d’un questionnaire à 650 chefs de ménage choisis à partir d’une méthode d’échantillonnage par choix raisonné selon une cartographie par carroyage de l’espace d’étude. Les résultats de l’étude montrent que le niveau de revenu, la profession, le statut d’occupation du logement et le mode de gestion des ordures sont les variables les plus significatives à même d’expliquer la vulnérabilité socio-économique et environnementale des populations de la ville d’Adiaké.
Mots-clés
This text focuses on the socio-economic and environmental vulnerability of households in the city of Adiaké. The objective is to investigate the determinants of the socio-economic and environmental vulnerability of the population at the city level. To carry out this analysis, the data collection methodology was based on the administration of a questionnaire to 650 heads of household selected using a purposive sampling method based on a grid map of the study area. The results of the study show that the level of income, occupation, housing status and the mode of waste management are the most significant variables capable of explaining the socio-economic and environmental vulnerability of the populations of the city of Adiaké.
Keywords
Introduction
« Chaudière urbaine », « urbanisation galopante », « urbanisation incontrôlée » sont les expressions couramment utilisées pour caractériser le rythme d’urbanisation que connaissent les villes des pays du Sud en général et d’Afrique subsaharienne en particulier (J.-P. ZOMBO, 2020 ; p.46). Ces dernières années, le taux d’urbanisation de cette partie du continent africain a connu une augmentation très rapide. De 12% en 1950, il est passé à 30% en 1980 puis à 37% en 2000, soit un triplement en 50 ans (ONU-HABITAT, 2004 ; p.56). Et ce taux est passé à 42% selon les données de la Banque Mondiale (2022).
Ce processus d’urbanisation exponentielle s’opère sous le poids de la croissance démographique des populations urbaines et de l’attractivité croissante des villes pour les populations rurales à la recherche d'opportunités d'emploi, de revenus, d'accès aux services et équipements de base. Ville côtière, située en bordure de la lagune Aby au Sud-Est de la Côte d’Ivoire, à 95 km de la ville d’Abidjan (figure1), Adiaké n’échappe pas à cette réalité urbaine. Estimée à 5 663 habitants en 1975, la population de la ville d’Adiaké est passée à 9 372 habitants en 1988 pour atteindre 18 727 habitants en 2010. En 2014, la population de la ville se chiffrait à 42 882 habitants, elle est aujourd’hui estimée à 50 556 habitants (INS-RGPH, 2021 ; p.6).
Cette charge démographique croissante devait susciter des investissements dans la ville d’Adiaké en vue d’une prise en charge de sa population et d’en faire du fait de sa position stratégique en bordure de la lagune Aby une ville touristique. Or, depuis plus de deux décennies, il se pose la question de la qualité du cadre résidentiel dans la ville d’Adiaké. Les enquêtes ENV (2008 ; p. 83 ; 2015 ; p. 25) arrivent aux conclusions d’une montée en puissance de la dégradation des cadres de logement et de vie des populations de cette cité urbaine. L’on observe dans le paysage de la ville plusieurs poches de précarité associées à un cadre de vie de plus en plus insalubre.
Les travaux de E. J. BOSSON et de A. B. KOUADIO (2020 ; p. 231) indiquent que plus de 61,54% des ménages évacuent les ordures et les eaux usées dans la nature. 32% des ménages ne sont pas raccordés au réseau de la CIE, 48,7% des actifs exercent des activités informelles, 46,5% n’ont jamais fréquenté l’école et la moitié des scolarisés n’ont que le niveau primaire. En un mot, plusieurs ménages rencontrent encore des difficultés pour avoir accès aux services sociaux de base, toute chose qui les rend vulnérables. Le dynamisme actuel de ce centre urbain conjugué au renouvellement régulier de ses habitants est un élément qui contribue à accroître la vulnérabilité des populations.
Cependant, la difficulté demeure dans la mesure de certains aspects de cette vulnérabilité en raison de sa complexité et du manque d’outils adéquats. C’est donc à juste titre que cette contribution veut à partir d’une méthodologie basée sur l’analyse de variables socioéconomiques et environnementales, comprendre les déterminants pouvant expliquer le niveau de vulnérabilité des populations de cette ville. Cette analyse du niveau de vulnérabilité des populations d’Adiaké se fonde sur deux approches : une approche basée sur la cartographie de la vulnérabilité et une approche basée sur l’analyse des variables socioéconomique et environnementale.
Les résultats d’une telle étude devraient servir de boussole pour orienter les autorités locales dans l’élaboration d’un diagnostic de la vulnérabilité de la ville et orienter leur politique d’aménagement visant à renforcer la résilience des populations en leur donnant un cadre de vie et des services sociaux de base adéquats.
Figure 1 : localisation de la zone d’étude