Impacts du pont de Jacqueville (Côte d’Ivoire) sur les activités économiques de la ville : l’exemple de la transformation industrielle de la noix de coco

Résumé

Jacqueville est une presquile coupée du reste de la région des Grands-Ponts qui l’abrite par la lagune EbriéConsidérée comme le foyer de transformation de coco à partir des années 1970, elle na pas pu pérenniser cette activité en raison de son enclavement. Mais, depuis la construction du pont réalisée en 2015 sur la lagune, certaines activités telles que le tourisme, le transport qui tournaient au ralenti sont dans une posture de déblocage. La présente étude est réalisée dans le but d’identifier les impacts de la réalisation du pont de Jacqueville sur la transformation de la noix de coco.

L’approche méthodologique déployée repose sur une revue documentaire et la collecte des données à travers l’observation directe et les entretiens. À l’issue de la genèse établie sur la transformation du coco dans le secteur moderne, il ressort undéclinaison des activités industrielles de coco au cours de la décennie ayant précédé la construction de ce pont, laissant alors une seule usine fonctionnelle. En revanche, lavènement de cet ouvrage a permis la stimulation des activités de transformation de la noix de coco en portant le nombre des installations à quatre et diversifiant les productions. Toutefois, on assiste contrairement à lindustrie de coco, à un développement spectaculaire du secteur touristique et à des menaces pesant sur lactivité de pêche.

Abstract

Jacqueville is a peninsula cut off from the rest of the Grands-Ponts region by the Ebrié lagoon. Considered as the home of coconut processing from the 1970s, it has not been able to sustain this activity because of itisolation. However, since the construction of the bridge over the lagoon in 2015, certain activities such as tourism and transport, which were slowing down, are now in a position to be unblocked. The present study is conducted with the aim of identifying the impacts of the construction of the Jacqueville bridge on thprocessing of coconuts. The methodological approach deployed is based on a documentary review and data collection through direct observation and interviews. At the end of the genesis established on the transformation of the coconut in the modern sector, it emergea decline of the industrial activities of coconut during the decade having preceded the construction of this bridge, leaving then a single functional factory. On the other hand, the advent of this work allowed thstimulation of the activities of transformation of the coconut by bringing the number of the installations tfour and diversifying the productions. However, contrary to the coconut industry, we are witnessing a spectacular development of the tourist sector and threats to the fishing activity.

Introduction

Située sur le littoral ivoirien, la ville de Jacqueville appartient au secteur de Fresco-Vridi-Port- Bouët du système lagunaire Ebrié, entre le 5°13’ de latitude Nord et le 4°25de longitude Ouest (B. J. SOGBOU-ATIORY, 2021, p. 98). Elle est bordée au Sud par l’Océan Atlantique et ceinturée au Nord par la  lagune  Ebrié.  La  ville,  tout  comme  le  département  de Jacqueville,  présente  la configuration d’une presqu’ile. Dans cet environnement physique marqué par la présence deau en permanence et caractérisé par un sol sableux des cordons quaternaires (C. P. HAUHOUOT, 2008, p. 38)  se dresse un potentiel économique où de  nombreuses activités se sont installées. Les plus importantes sont l’agriculture littorale, l’industrie, l’agro-industrie, le tourisme balnéaire, la pêche, l’exploitation pétrolière et gazre etc.

Cependant, la plupart de ces activités est restée longtemps dans l’isoloir. De fait, le principal axe routier menant à la localiest interrompu par létendue d’eau lagunaire malgré le service d’un bac qui enjambait la lagune et desservait également la ville. Concernant l’agriculture littorale et la transformation industrielle, le cas du coco est assez particulier en raison de l’implication de l’État dès les premières décennies de l’indépendance. Ainsi, Jacqueville a été au cœur de la grande région productrice de noix de coco (B. DIAN, 1985, p. 289) et de sa transformation. C’est ainsi qu’à travers le plan cocotier initié sur le long du littoral et ayant permis la création de vastes plantations de coco à Jacqueville, est née en 1974 la Société Ivoirienne de Coco Râpé (SICOR). Avec une importante production estimée à 45 tonnes par jour, la ville a abrité la plus importante unité de transformation de coco sur le littoral. À partir du 30 avril 2006, le symbole de l’industrialisation du département prode à une compression des effectifs (N. H. J. KABLAN, 2011, pp. 86-101) car les difficultés se sont alourdies, conduisant ainsi le rêve de la transformation de coco  nourri par l’État  vers l’illusion.  Par conséquent, l’industrialisation du département devient de plus en plus le maillon faible des secteurs d’activités.

En revanche, force est de constater que la ville s’agrandit et certaines activités telles que celles du tourisme sont en pleine floraison, 7 ans après la mise en service du pont en 2015. En effet, les réceptifs hôteliers ont doublé depuis 2015 passant de 12 avant la construction du pont, à 26 établissements hôteliers après sa mise en exploitation (M. TOURE, 2020, p. 99). Dès lors, la question de recherche est la suivante : quels sont les impacts de l’avènement du pont de Jacqueville sur la transformation de noix de coco à Jacqueville ? Lhypothèse émise est que l’avènement du pont a boosté le développement des activités de transformation industrielle de coco après avoir fait sortir Jacqueville de son enclavement

Catégorie de publications

Date de parution
30 juin 2022