La ville de Daloa est en proie à une désorganisation spatiale, structurelle et fonctionnelle qui se manifeste par une occupation anarchique et informelle de l’espace urbain. Cette occupation désordonnée concerne le plus souvent des espaces dangereux non aedificandi comme les emprises des lignes de hautes tensions. Cette étude analyse le profil socio-démographique des acteurs économiques installés sur ces espaces à risques et détermine leurs vulnérabilités liées à l’occupation de ces interstices. A l’analyse, près de 70% des acteurs squattent ces espaces car leur niveau d’instruction ne leur permet pas d’envisager mieux. Aussi, l’accessibilité des magasins du fait des faibles coûts des loyers et la disponibilité d’une clientèle à proximité sont également des facteurs de l’occupation de ces espaces. Ces acteurs s’exposent à des risques d’électrocution, d’incendie, de maladies qu’ils méconnaissent généralement ou ils s’en remettent au fatalisme et à la volonté d’une force supérieure.
Mots-clés
The city of Daloa is plagued by spatial, structural and functional disorganization, manifested by anarchic and informal occupation of urban space. This disorganized occupation most often concerns dangerous spaces such as the rights-of-way of high voltage lines. This study analyzes the socio-demographic profile of the economic actors installed in these at- risk spaces and determines their vulnerabilities related to the occupation of these interstices. According to the analysis, nearly 70% of the actors squat in these spaces because their level of education does not allow them to consider anything better. Also, the accessibility of the stores due to the low cost of rent and the availability of a clientele in the vicinity are also factors in the occupation of these spaces. These actors expose themselves to risks of electrocution, fire, and disease that they are generally unaware of, or they rely on fatalism and the will of a superior force.
Introduction
La conjugaison de facteurs à la fois historique, naturelle et politico-administrative a favorisé une dynamique démographique et spatiale remarquable de la ville de Daloa. Désormais troisième ville de la Côte d’Ivoire avec une population estimée à 266 324 habitants, Daloa occupe une place prépondérante dans l’armature urbaine du pays (INS-SODE, 2014). Cette importante croissance urbaine s’est faite, malheureusement, dans un contexte général de conjoncture défavorable et de crise économique qui a suscité une informélisation de l’activité économique de la ville (S. TOURE, 2018, p. 352). Ce sont environ deux actifs sur trois qui exercent une activité informelle dans la ville de Daloa (J. B. WADJA et al, 2019, p. 9179). Cette informélisation généralisée de l’économie engendre une déstructuration structurelle, fonctionnelle et spatiale à travers une occupation anarchique et désordonnée du cadre urbain. Ce désordre urbain n’est pas sans conséquences sur la santé les populations. A Daloa, l’une des implications est l’anthropisation à des fins de commerce d’interstices dangereux et facteurs de risques comme les abords des lignes de haute tension.
En réalité, l’avènement d’évènements cataclysmiques comme la tempête Katrina en 2005, les volcans irlandais, les séismes de la capitale Haïtienne et du Chili en 2010, le tsunami du Japon en 2011, les inondations, les canicules et les feux de forêts, entre autres, a fait prendre conscience de l’importance des enchaînements et la vitesse des mécanismes de propagation du risque en milieu urbain qui échappent à tout contrôle dans tous les domaines de la société (P., METZGEr et R., D'ERCOLE, 2011, p. 2). Toutefois, il demeure des risques méconnus ou mal connus de la conscience populaire comme ceux liés à l’installations aux abords des lignes de hautes tensions. Cette méconnaissance de ces risques pose le problème des vulnérabilités des acteurs économiques exposés au quotidien sous les hautes tensions.
En effet, dans la ville de Daloa les espaces sous les lignes électriques de hautes tensions en plus d’être transformés en marchés spontanés constituent également des endroits privilégiés pour l’implantation d’ateliers ou de garages à ciel ouvert. Des aménagements fixes et/ou mobiles réalisés à partir de matériels de récupérations pour la plupart, abritent diverses activités économiques. En dépit de quelques actions de déguerpissements de l’administration municipale et de la direction de la Côte d’Ivoire et des opérations de sensibilisation à travers les pictographies ‘‘danger de mort’’, force est de constater une évolution croissante du nombre d’acteurs économiques au niveau de ces espaces non-conventionnels. Cette situation pose donc le problème de l’exposition et de la vulnérabilité des acteurs économiques sous les hautes tensions.
Ce problème suscite les questions suivantes : Quels sont les acteurs et les types d’activités économiques exercées sous les câbles électriques des hautes tensions dans la ville de Daloa ? Quels sont les raisons de l’occupation des espaces sous hautes tensions pour l’exercice d’activités économiques ? Quels sont les dangers et les risques auxquels les acteurs des activités économiques sous les hautes tensions sont susceptibles d’être exposés ? Telles sont, entre autres, les préoccupations auxquelles cette étude s’attelle à apporter des éléments de réponse.