Les localités de la vallée du Nyong, dans la Région du Centre-Cameroun, connaissent une forte recrudescence du paludisme. Avec 36 158 cas enregistrés en 2018, elles participent à 0,58% de la prévalence palustre nationale. Ceci est dû à la conjonction de plusieurs facteurs qui rythment l’endémicité palustre dans cette zone. Pour les identifier et les catégoriser, nous avons procédé à une enquête perspective, à l’administration d’un questionnaire, à la collecte, au traitement et à l’analyse des données hydro-climatiques et celles cliniques palustres collectées dans les structures sanitaires de la zone d’étude. L’objectif principal est de ressortir les types de facteurs et de les catégoriser afin de rendre la lutte préventive contre la maladie plus objective. Il ressort que, trois catégories de facteurs participent à l’endémicité palustre dans la vallée du Nyong. Il s’agit : des facteurs dits « déterminants », qui relèvent du cadre géophysique : climat, hydrographie, topographie…. Ceux-ci entretiennent la dynamique pathologique palustre dans la vallée. Ensuite les facteurs dits « majorants », notamment : les comportements suicidaires des populations tant au plan de l’insalubrité que de l’incivisme, et les procédés de soins inadaptés ; les méthodes de lutte inefficientes et l’automédication. Et enfin les facteurs dits « aggravants », il s’agit de la mort programmée des systèmes de soins médicaux traditionnels par la colonisation, des coutumes obsolètes aux procédés de lutte contre la maladie, (…). Il revient donc à l’État d’adapter ses stratégies de lutte, suivant les exigences de chacune de ces catégories de facteurs dans la vallée du Nyong.
Mots-clés
The localities of the Nyong Valley, such as those of Mbalmayo, in the Central Region of Cameroon, are experiencing a sharp resurgence of malaria. With 36,158 cases recorded in 2018, they contribute to 0.58% of the national malaria prevalence. This is due to the combination of several factors that determine malaria endemicity in this area. To identify and categorize them, we conducted a perspective survey, administered a questionnaire, collected, processed and analyzed hydro-climatic data and malaria clinical data collected in health facilities in the study area. The main objective is to identify the types of factors and categorize them in order to make the preventive fight against the disease more objective. It appears that three categories of factors contribute to malaria endemicity in the Nyong Valley. These are: so-called "determining" factors, which relate to the geophysical framework: climate, hydrography, topography, etc. These maintain the pathological dynamics of malaria in the valley. Then the so-called "major factors", in particular: the suicidal behavior of populations in terms of both insalubrity and incivility, and unsuitable care procedures; inefficient control methods and self-medication. And finally the so-called "aggravating" factors, these are the programmed death of traditional medical care systems by colonization, obsolete customs to disease control procedures, (...). It is therefore up to the State to adapt its control strategies, according to the requirements of each of these categories of factors in the Nyong Valley.
Keywords
Introduction
Le paludisme, un fardeau universel des pays intertropicaux en général et ceux de la zone subsaharienne en particulier, reste et demeure un problème majeur de santé publique de tous les temps. En 2007, 1295659 cas de paludisme ont été notifiés au Niger (S. Faye. 2012, p.11). Au Burkina- Faso, en 2021 sur 22513 consultations, 11077 cas de paludisme ont été enregistrés soit 49,20% (A. Wang, 2022, p. 24). Selon l’OMS (2021, p.9), la région africaine comptabilisait à elle seule 95% des cas de paludisme et 96% des décès dus à cette maladie dans cette région. Concernant le Cameroun, 6228154 cas ont été notifiés dans le rapport du PNLP en 2019 (PNLP, 2019, p. 21).
Au cours de la même année, notre zone d’étude a été lourdement touchée avec 106608 cas de paludisme diagnostiqués, soit 349(0,32%) cas de neuropaludisme, 41363(38,79%) cas de paludisme grave et 64896(60,87%) cas de paludisme simple (enquêtes de terrain, mars 2024). Le sondage fait sur les mobiles qui expliqueraient cette forte recrudescence de la malaria dans cette région du monde en général, au Cameroun en particulier et plus spécifiquement dans la vallée du Nyong, révèle trois catégories de facteurs qui définissent l’évolution de l’endémicité palustre (M. GENTILINI, 1982, p.119). Selon cet auteur, ces facteurs sont identifiés dans le cadre géophysique d’une part et dans le contexte humain et socio-civilisationnel d’autre part. Il s’agit : des facteurs « déterminants », qui sont les variables relevant du contexte physique. Ils sont qualifiés de déterminants parce qu’ils constituent les variables indépendantes qui déclenchent l’engrenage de la recrudescence du paludisme et ses impacts dans la zone d’étude, tels que les fortes précipitations, les inondations (…).
Ensuite les facteurs « majorants », ce sont les variables dépendantes et sont celles du cadre de vie. Ils majorent la recrudescence du paludisme dans le sens où, ces facteurs créent les conditions favorables à l’évolution de la maladie et renforcent l’endémicité pathologique palustre dans la zone d’étude. Et enfin, les facteurs « aggravants », car ce sont les éléments du contexte socio anthropologique et civilisationnel, qui viennent amplifier l’incidence de la maladie et ses impacts au sein des communautés paludéennes. Notre objectif principal est d’identifier et catégoriser les facteurs qui influencent la recrudescence du paludisme dans la zone d’étude. Pour ce faire, deux objectifs spécifiques vont conduire ce travail : présenter l’incidence du paludisme dans la zone d’étude d’une part et répertorier les facteurs qui expliquent la forte recrudescence du paludisme et leur rôle dans l’évolution de la maladie dans la vallée du Nyong d’autre part.