Située au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, la sous-préfecture de Dania fait partie de la zone forestière du pays. A l’instar des autres zones forestières, elle a pour activité économique principale l’agriculture en particulier le café et le cacao. Ces deux cultures ont fait de beaux jours dans ladite sous-préfecture. Cependant, avec les crises que connaît la filière café-cacao, les paysans ont adopté la culture de l’anacarde comme une solution alternative. On constate aujourd’hui un véritable essor de la culture de l’anacarde dans cette localité. En effet, ses superficies sont passées de 627,2 à 1003 hectares entre 2017 et 2020 ; soit une hausse de 59,92% (ANADER, 2020). Toutefois, cette nouvelle culture fait déjà face à plusieurs difficultés. Cet article se propose d’analyser les contraintes de développement de l’anacarde dans la sous-préfecture de Dania. Pour y parvenir, la méthodologie adoptée se compose de l’observation sur le terrain, de la recherche documentaire, des guides d’entretien et de l’enquête par le questionnaire auprès des paysans. Les résultats obtenus indiquent que la culture de l’anacarde rencontre beaucoup difficultés dans la sous-préfecture de Dania. Celles-ci commencent depuis la production jusqu’à la commercialisation. Il s’agit des maladies notamment l’anthracnose et la gommose, des insectes (ciseleurs, punaises et foreurs) et la pluie qui limitent la production. Au niveau de la commercialisation, l’état défectueux des routes et la fluctuation des prix constituent les principaux problèmes.
Located in the center-west of Côte d'Ivoire, the sub-prefecture of Dania is part of the country's forest zone. Like other forest areas, its main economic activity is agriculture, particularly coffee and cocoa. These two crops have had a good time in the said sub-prefecture. However, with the crises facing the coffee-cocoa sector, farmers have adopted cashew cultivation as an alternative solution. Today we are seeing a real boom in cashew nut cultivation in this locality. In fact, its surface areas increased from 627.2 to 1003 hectares between 2017 and 2020; an increase of 59.92% (ANADER, 2020). However, this new culture is already facing several difficulties. This article aims to analyze the constraints on the development of the cashew nut in the sub-prefecture of Dania. To achieve this, the methodology adopted consists of field observation, documentary research, interview guides and questionnaire surveys among farmers. The results obtained indicate that cashew nut cultivation encounters many difficulties in the sub-prefecture of Dania. These start from production to marketing. These include diseases including anthracnose and gummosis, insects (chippers, bedbugs and borers) and rain which limit production. At the marketing level, poor road conditions and price fluctuations are the main problems.
Introduction
L’agriculture est la principale activité de près de 45% de la population active mondiale. Ainsi, environ 2,6 milliards de personnes vivent de l’agriculture (BIMAGRI, 2006, p.1). Dans la majeure partie de l’Afrique, l’agriculture est un instrument puissant qui permet de favoriser la croissance, de surmonter la pauvreté et de renforcer la sécurité alimentaire (BANQUE MONDIALE, 2008 p.13). Ce secteur représente le tiers du PIB du continent (BAD et FIDA, 2010, p.4). Ainsi, la majorité de la population africaine dépend du secteur agricole pour leurs emplois, entreprises et consommation alimentaire (BAD, 2016, p.11). La filière agricole est composée d’une large gamme de produits dont l’anacarde.
La filière anacarde constitue de nos jours une filière importante pour le continent africain qui totalise plus de 55% de la production mondiale de noix de cajou. Sa production été multipliée par 5 passant de 400 000 tonnes en 2000 à plus de 1 800 000 tonnes en 2016. L’Afrique de l’ouest est devenue la première zone de production de l’anacarde dans le monde depuis 2015 avec une production supérieure à 135 000 tonnes (K. N’DJALOSSE et al, 2018, p3).
L’agriculture occupe une place centrale dans le développement de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ce secteur représente le quart du PIB et occupe près d’une personne sur deux en âge de travailler (H. DUCROQUET et al, 2017, p.9). Par ailleurs, l’économie de la Côte d’Ivoire dépend des recettes des produits agricoles tels que le café et le cacao (J. L. CHALEARD et al, 2007, p.191). Avec la politique de diversification, de nouvelles cultures notamment l’anacarde a fait son apparition dans l’économie agricole du pays. Celle-ci connaît un essor dans plusieurs régions du pays notamment la région du Haut-Sassandra.
La région du Haut-Sassandra est composée de 4 départements dont celui de Vavoua. La sous-préfecture de Dania fait partie des six sous-préfectures que compte le département de Vavoua. Elle est limitée au nord par la sous-préfecture de Séitifla, au sud par les sous-préfectures de Zaibo, Zoukougbeu et Domangbeu, à l’est par la sous-préfecture de Kétro-Bassam et à l’ouest par les sous-préfectures de Sémien, Ouyably-Yondrou, Bléniméouin et Guinglo-Tahouaké (Figure 1). La circonscription administrative de Dania est composée de 10 villages et de plusieurs campements. Elle couvre une superficie de 1450 km² pour une population de 77 295 habitants (RGPH, 2014). La sous-préfecture de Dania est une zone de production agricole notamment le café, le cacao et des cultures vivrières comme l’igname, le maïs, le manioc, le riz…. Autrefois absente, la culture de l’anacarde fait désormais partie de la production agricole de la localité. L’anacarde est une culture des régions de savane depuis son introduction en Côte d’Ivoire. Pourtant, cette culture se pratique ces dernières années dans cette zone forestière. Elle constitue une importante source de revenu pour les paysans qui leur permet de compenser des difficultés de la filière café-cacao qui a fait la fierté de la sous-préfecture. Malheureusement cette nouvelle filière est confrontée à d’énormes difficultés. Notre préoccupation est donc la suivante : Quelles sont les contraintes au développement de la culture de l’anacarde dans la sous-préfecture de Dania ?
Cette question nous amène à analyser les problèmes auxquels est confrontée la filière anacarde dans cette localité.