Essor de la culture de l’anacarde dans la sous-préfecture de Dania (centre-ouest de la Côte d’Ivoire)

Résumé

Située au centre ouest de la Côte d’Ivoire, la sous-préfecture de Dania fait partie de la zone forestière. A l’instar des autres zones forestières du pays, elle a pour activité économique principale l’agriculture en particulier la culture du café et du cacao. Cependant, on constate aujourd’hui l’essor de la culture de l’anacarde dans cette localité. Cet article se propose d’analyser les raisons de cet essor. Pour y parvenir, la méthodologie adoptée se compose de l’observation sur le terrain, de la recherche documentaire, de l’entretien et de l’enquête par le questionnaire auprès des paysans. Les résultats obtenus permettent de percevoir que plusieurs raisons expliquent l’ampleur de la culture de l’anacarde dans la sous- préfecture de Dania. Ces raisons sont d’ordre naturel, économique et sécuritaires. Au niveau naturel, l’assèchement du climat en est l’élément fondamental.  Au plan sécuritaire, il s’agit de la crise militaro-politique de 2002 qui a entrainé un abandon momentané des exploitations et aussi le souci de la conservation foncière. Enfin au plan économique, les prix bord champ garantis constituent l’élément catalyseur.

Abstract

Located in the center west of Côte d'Ivoire, the sub-prefecture of Dania is part of the forest zone. Like the other forest areas of the country, its main economic activity is agriculture, in particular the cultivation of coffee and cocoa. However, today there is a boom in cashew cultivation in this locality. This article aims to analyze the reasons for this growth. To achieve this, the methodology adopted consists of observation in the field, documentary research, interview and survey by questionnaire among farmers. The results obtained show that several reasons explain the extent of cashew cultivation in the sub-prefecture of Dania. These reasons are natural, economic and security. At the natural level, the drying up of the climate is the fundamental element. In terms of security, it is the military-political crisis of 2002 which led to the temporary abandonment of farms and also the concern for land conservation. Finally, from an economic point of view, guaranteed farm gate prices are the catalyst.

Introduction

L’agriculture est la principale activité de près de 45% de la population active mondiale. Dans le monde, environ 2,6 milliards de personnes vivent de l’agriculture (BIMAGRI, 2006, p.1).

Dans la majeure partie de l’Afrique, l’agriculture est un instrument puissant qui permet de favoriser la croissance, de surmonter la pauvreté et de renforcer la sécurité alimentaire (Banque Mondiale, 2008 p.13). Ce secteur représente le tiers du PIB du continent (BAD et FIDA, 2010, p.4). Ainsi, la majorité de la population africaine dépend du secteur agricole pour leurs emplois, entreprises et consommation alimentaire (BAD, 2016, p.11). En Afrique subsaharienne, le secteur agricole joue un rôle central dans l’emploi. Elle est également la principale source de revenus de 10% à 15% des ménages urbains (OCDE et FAO, 2016, p.69).

Historiquement, l’agriculture occupe une place centrale dans le développement de la Côte d’Ivoire, que ce soit en termes de population active agricole ou de la contribution à la création de richesse. Aujourd’hui, ce secteur représente le quart du PIB et occupe près d’une personne sur deux en âge de travailler (H. Ducroquet et al, 2017, p.9). Par ailleurs, l’économie de la Côte d’Ivoire dépend des recettes des produits agricoles tels que le café et le cacao (J. L. Chaléard et al, 2007, p.191). Aussi, le secteur agricole continue d’être le plus grand pourvoyeur d’emplois et de devises étrangères pour le pays. Il représente 21,5% du PIB en 2017 (Banque Mondiale, 2019, p.15). La place importante qu’occupe l’agriculture dans l’économie est due à l’effort de certaines régions notamment la région du Haut-Sassandra. Celle-ci est composée de 4 départements dont celui de Vavoua.

La sous-préfecture de Dania fait partie des six sous-préfectures que compte le département de Vavoua. La sous-préfecture de Dania est limitée au nord par la sous-préfecture de Séitifla, au sud par les sous-préfectures de Zaibo, Zoukougbeu et Domangbeu, à l’est par la sous-préfecture de Kétro-Bassam et à l’ouest par les sous-préfectures de Sémien, Ouyably-Yondrou, Bléniméouin et Guinglo-Tahouaké (Figure 1). La circonscription administrative est composée de 10 villages et de plusieurs campements. Elle couvre une superficie de 1450 km² pour une population de 77 295 habitants (RGPH, 2014). Elle est une zone importante de production agricole, notamment le cacao et le café et des cultures vivrières comme l’igname, le maïs, le manioc le riz…. Autrefois absente, la culture de l’anacarde fait désormais partie de la production agricole de la localité.

L’anacarde est une culture des régions de savane depuis son introduction en Côte d’Ivoire. Pourtant, cette culture se pratique ces dernières années dans cette zone forestière. Malgré le café et le cacao qui font la fierté de la sous-préfecture, les populations s’intéressent de plus en plus à la culture de l’anacarde en lui consacrant davantage de terres. Notre préoccupation est donc la suivante : Qu’est ce qui explique l’essor de la culture de l’anacarde dans la sous-préfecture de Dania ?

Cette question nous amène à analyser les facteurs explicatifs de l’essor de cette culture dans la localité.

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Date de parution
30 sep 2022