paludisme tue à lui seul 6 personnes (Rapport PNLP, 2019, p 17). En réplique, les pouvoirs publics ont engagé un combat anti-vectoriel, et la mise sur pied des campagnes de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA). En 2020, la région du centre a reçu 238400 MILDA pour les femmes enceintes (Rapport PNLP, 2019, 17). À ce jour, ces dons ne sont pas tous utilisés à cette fin. Certains les reconvertissent à des fins socioéconomiques au détriment de la lutte contre le paludisme. Ce comportement accentue son incidence dans la zone d’étude. Le détournement de fonction de cet outil dans la lutte, maintient l’endémicité palustre et rend l’évolution de ladite maladie pérenne dans la vallée du Nyong. Cette recherche a donc pour objectif principal de montrer la reconversion du rôle de la MILDA par les populations dans les stratégies de lutte préventive. Deux objectifs spécifiques ont constitué le fil conducteur de ce travail, à savoir : montrer l’importance de la MILDA dans la lutte préventive contre le paludisme et identifier les différentes sollicitations de la MILDA au détriment de la lutte vectorielle dans la zone d’étude. Pour appréhender cette réalité, nous avons procédé à une enquête de perception et à un questionnaire soumis aux chefs de ménages d’un échantillon de 600 ménages. Ainsi, sur le terrain, il a été confirmé que l’introduction de la MILDA a nettement influencé la recrudescence du paludisme. Mais les populations sont restées insensibles à ces bienfaits de cet instrument de lutte. Car, on a retrouvé les MILDA plutôt dans tous les secteurs d’activités socioéconomiques que sur les lits : agriculture ; pêche ; industrie ; élevage ; artisanale ; sport (…). Certains enquêtés ont affirmé que : la MILDA favorise les pratiques de sorcellerie (5,9%), 9,7% ont dit que la MILDA est étouffant, 11,9% ont déclaré être allergiques à la MILDA, 27,6% ont avancé qu’elle est incompatible aux coutumes et us locales, et 2,9% ont avoué ne pas être informés de l’importance de la MILDA. Ainsi, son introduction dans la lutte nécessite une bonne sensibilisation des populations en amont.
Mots-clés
In Cameroon, malaria is considered to be the leading cause of morbidity and mortality. In fact, out of ten recorded cases of death, malaria would be responsible for six (PNLP Report 2019, p19). In response to this, public authorities launched an anti-vector campaign and a free distribution campaign of long lasting impregnated mosquito nets (LLINs). In 2020, the Centre Region received 238400 LLINs for pregnant women (PNLP Report, 2019, p17). To date, not all of the donations are used for the above purpose. Some would reconvert them for socio-economic purposes to the detriment of the fight against malaria. Such a behavior can only result into an increase of malaria effects in the study area. The misuse of this tool in the fight maintains malaria endemicity and makes it's evolution perennial in the Nyong valley. The overall objective of the present enquiry is therefore to show how LLINs are being reconverted by populations in the study area in vector control strategies. Two specific orientations lead the present work, namely: showing the importance of the LLINs in the preventive fight against malaria and then, identifying the various uses of LLINs by people to the detriment of anti-malaria campaigns in our study are. To better get this reality, a questionnaire was submitted to a sample population of 600 heads of households. It was then confirmed that the introduction of LLINs in the fight yielded positive results. Unfortunately, local populations remained insensitive to the benefits of this tool. We ended up realising that LLINs are more present in all socio-economic sectors such as agriculture, fishing, industry, breeding craft, sport (...). Some confirmed that under LLINs they always suffocate, 11.9% declared being allergic to LLINs, 27.6% argued that LLINs are not compatible with the local customs and culture, and 2.9 % admitted not to have any piece of information related to role of LLINs in the fight against malaria. Thus, inserting them as a tool in vector control requires good awareness of populations upstream
Keywords
Introduction
Le paludisme est un problème majeur de santé publique au Cameroun. En 2018, l’OMS estimait à 6228154 cas et le pays figure parmi les 11 pays au monde ayant le plus lourd fardeau de la maladie (Rapport PNLP, 2019, p.17). Vu la forte morbi-mortalité causée par la malaria au Cameroun, les pouvoirs publics camerounais se sont lancés dans la lutte préventive contre le paludisme. Ils ont ainsi initié la lutte anti-vectorielle à travers les campagnes de distributions gratuites des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) en 2011, 2015, 2016, 2018.
Mais, les populations qui bénéficient de ces dons, et pour qui l’État consent des efforts multiformes, n’en font pas bon usage afin d’accompagner ce dernier à barrer la voie à cette maladie. Le même constat a été fait par S. L. B. FAYE (2012, p.11) qui fait remarquer que si certains bénéficiaires des MILDA les utilisent pour se protéger contre les piqures de moustiques, d’autres par contre reconvertissent ces dons à des fins socioéconomiques (agriculture, élevage, chasse, pêche, industrie artisanale, sport…) au détriment de la lutte contre les moustiques. Ce qui inhibe les efforts gouvernementaux dans la bataille contre le paludisme, accentue l’incidence palustre, alourdit ses impacts sur le plan socioéconomique et rend son évolution pérenne et endémique dans la zone d’étude.
Ce détournement du rôle de la MILDA par les populations apparait comme un suicide passif face à l’agression vectorielle de l’anophèle femelle. Où les populations semblent se livrer elles-mêmes à la morbi-mortalité palustre. Car elles se laissent tuer par les monstres hématophages, les moustiques transmetteurs de la maladie. Cette recherche a donc pour objectif principal de montrer la reconversion du rôle de la MILDA par les populations dans les stratégies de lutte préventive. Et deux objectifs spécifiques ont constitué le fil conducteur de ce travail, à savoir : montrer l’importance de la MILDA dans la lutte préventive contre le paludisme et identifier les différentes sollicitations de la MILDA au détriment de la lutte vectorielle dans la zone d’étude. Cette recherche a donc pour objectif principal de montrer la reconversion du rôle de la MILDA par les populations dans les stratégies de lutte préventive. Et deux objectifs spécifiques ont constitué le fil conducteur de ce travail, à savoir : montrer l’importance de la MILDA dans la lutte préventive contre le paludisme et identifier les différentes sollicitations de la MILDA au détriment de la lutte vectorielle dans la zone d’étude.
