La problématique de l’agriculture urbaine dans le Haut-Sassandra : cas de la laitue (lactuca sativa l.17.53) dans l’espace urbain de Daloa

Résumé

À l’instar des autres villes du bassin hydrographique du fleuve Sassandra, Daloa a un site urbain caractérisé par une alternance de bas-fonds et d’interfluves. L’exploitation des zones de dépression permet aux agriculteurs de fournir au marché local des produits maraichers. L’agriculture intra-urbaine constitue alors une autre forme d’occupation du sol urbain à Daloa. Mais, la dynamique spatio-temporelle dans cette cité urbaine suscite une réelle compétition mettant aux prises les espaces bâtis et les terres culturales des bas-fonds. Cet article vise à relever la destruction progressive des zones urbaines appropriées à l’agriculture intra-urbaine à Daloa. La méthodologie adoptée repose sur la cherche documentaire, l’observation et les entretiens puis,  le questionnaire adressé à 180 ménages chefs de ménages, présents à travers 06 quartiers choisis. Dans chaque quartier enquêté (très, moyennement ou faiblement peuplés), 20 chefs de ménages et 10 maraîchers sont identifiés au hasard. Les résultats montrent l’empiètement et l’occupation des versants des vallées de la ville. Cette avancée du front urbain vers les cataèdres des bas-fonds a considérablement réduit l’aire culturale appropriée aux plantes maraichères. Ces espaces hydromorphes sont encore devenus des réceptacles d’eaux usées et de déchets ménagers. Néanmoins, l’agriculture intra-urbaine surtout celle axée sur la culture  de la laitue (Lactuca sativa l.17.53), est nécessaire à la confession des mets des usagers.

Abstract

Like other towns in the Sassandra River watershed, Daloa's urban landscape is characterized by alternating lowlands and interfluves. Farmers use the low-lying areas to supply the local market with market garden produce. Intra-urban agriculture is therefore another form of urban land use in Daloa. However, the spatio-temporal dynamics of this urban city give rise to real competition between built-up areas and lowland farmland. The aim of this article is to highlight the progressive destruction of urban areas suitable for intra-urban agriculture in Daloa. The methodology adopted is based on documentary research, observation and interviews, followed by a questionnaire sent to 180 head-of-households in 06 selected districts. In each district surveyed (very, moderately or sparsely populated), 20 heads of households and 10 market gardeners were randomly identified. The results show the encroachment and occupation of the city's valley slopes. This advance of the urban front towards the lowland catahedrals has considerably reduced the area suitable for market gardening. These hydromorphic areas have also become receptacles for wastewater and household waste. Nevertheless, intra-urban agriculture, especially that based on the cultivation of lettuce (Lactuca sativa l.17.53), is necessary for the confession of users' dishes.

Introduction

En colonie Côte d’Ivoire, l’introduction des plantes arbustives (cacao et café) dans les régions des autochtones, la création des postes militaires, se sont traduites à l’indépendance en 1960 par des pseudo-villes avec leur hinterland rural respectif (A.J. DJAH, 2014, p.57). Ce faisant, l’aliénation culturelle desdits peuples, la monétisation de l’agriculture, la quête aux produits ou articles manufacturés, impulsent encore l’étalement spatial des villes sises dans le Haut-Sassandra, avec la modification de la forme du relief sur lequel se réalise ledit phénomène (C. KOUKOUGNON, 2012, p.83).

En fait, en 1905, les troupes françaises en mission d’exploration, en partance vers le Nord savanicole, sont prises à partie par les peuples Bété et Gouro, à la localité actuelle de Daloa. De cette opposition farouche, le colonisateur y érige un camp militaire dès 1908 afin de surseoir les éventuelles révoltes (A. D. ALLA, 1990, p.113). Quelques années après, la conjugaison du besoin d’exploitation des richesses et celui de la sédentarisation de ces immigrés, fonde le lieu originel de la ville actuelle de Daloa. Au regard de ce site de pénéplaine monotone disloqué et découpé en collines par des zones marécageuses, le camp militaire à Daloa est alors aménagé sur l’interfluve pour question sanitaire car, ces zones basses sont indexées comme les nids des pathologies tropicales (K.C. N’GUESSAN, 2023, p.43).

Cette organisation entreprise dans la localité de Daloa se poursuit avec la création des parcelles agricoles et d’un habitat pour la main-d’œuvre. Quelques années après, une économie locale s’est progressivement mise en place, avec la suppression des travaux forcés en 1946, la monétisation de l’agriculture, le commerce des frets manufacturés de l’Europe (C. BENVENISTE, 1974, p.46). La localité ou du moindre la cité urbaine de Daloa devient un eldorado pour des populations étrangères. L’administration coloniale se dote alors un plan d’aménagement pour orienter cette expansion spatiale de ladite cité. Cette planification pour l’émergence de différents quartiers ayant des fonctions bien distinctes, s’effectue suivant les lignes de partage des eaux. Ainsi, en 1960, le paysage urbain de Daloa reposait sur des habitats lotis et des espaces non lotis. D’ailleurs, les plans directeurs orchestrés par l’administration coloniale a induit une place de choix pour la culture des plantes maraîchères. Qui plus est, l’intégration de la culture des plantes agricoles marchandes dans la contrée de Daloa se poursuit encore avec l’agriculture intra-urbaine (K.C. N’GUESSAN, 2023, p.47). L’activité agricole relative à la culture des plantes maraîchères, est axée sur un milieu physique, approprié aussi des conditions édaphiques de la laitue (lactuca sativa L.17.53). Cette plante autrefois réservée à la consommation d’une frange des usagers est davantage utilisée pour la confession des mets actuels à Daloa.  

Cependant, l’étalement urbain non maîtrisé due à la spéculation foncière, la destruction des zones humides, la présence quotidienne des femmes et leurs progénitures, conduisent à s’interroger sur la culture de la laitue à Daloa, d’où l’intérêt de cet article qui se propose de faire le diagnostic. Il s’agit à cet effet de relever la destruction des sites appropriés à cette culture puis, analyser les facteurs destructeurs des zones culturales dans la ville de Daloa.  

Catégorie de publications

Date de parution
31 déc 2023